Ce que la mort de Raïssi signifie pour l’Iran et la région

  • 2024-05-22 10:15:00

L’accident d’hélicoptère de dimanche à Varzaqan, en Iran, a été un moment historique. L’hélicoptère transportait plusieurs responsables iraniens de haut niveau, dont le président Ebrahim Raisi, le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, le gouverneur de l’Azerbaïdjan oriental Malek Rahmati et le représentant du guide suprême en Azerbaïdjan oriental, Mohammed Ali Ale-Hashem. L’incident a entraîné la mort sans précédent d’un président iranien en exercice dans un accident d’hélicoptère. Cet événement s’est propagé dans toute la région et dans le monde, compte tenu des rôles et de l’influence importants des individus impliqués. Elle s’est également produite à un moment de tensions régionales considérables et de dynamiques politiques internes, ce qui a eu des conséquences à la fois immédiates et de grande envergure.

Raisi a occupé de nombreux postes importants au fil des ans, notamment celui de juge en chef adjoint, de procureur général et de juge en chef. Ses fonctions judiciaires ont été marquées par son passage comme procureur adjoint puis procureur de Téhéran dans les années 1980 et 1990. Connu comme le « boucher de Téhéran », Raïssi était l’un des quatre membres du comité des poursuites responsables de l’exécution de milliers de prisonniers politiques en 1988.

Raïssi a également été gardien et président de l'Astan Quds Razavi, une éminente bonyad, de 2016 à 2019. De plus, il a été membre de l'Assemblée des experts de la province du Khorasan du Sud.

Les ambitions politiques de Raïssi étaient évidentes lors de sa campagne présidentielle de 2017, lorsqu’il était candidat du Front populaire conservateur des forces de la révolution islamique, bien qu’il ait perdu face au président sortant modéré Hassan Rohani. Sa deuxième candidature présidentielle en 2021 l’a amené à succéder à Rohani.

Raïssi était largement considéré comme le successeur probable du guide suprême Ali Khamenei. Ses liens étroits avec l’establishment religieux et son influence significative au sein des systèmes politique et judiciaire iraniens l’ont positionné comme un candidat au rôle politique de premier plan dans le pays. Cette conviction était étayée par son alignement sur les valeurs fondamentales de la République islamique et par ses rôles de premier plan dans diverses institutions judiciaires et politiques, considérées comme un terrain de préparation pour l'éventuel leadership.

La mort de Raïssi est survenue dans un contexte de tensions accrues entre l’Iran et Israël. Le mois dernier, une frappe aérienne israélienne a visé le consulat iranien à Damas, en Syrie, entraînant la mort de plusieurs personnalités de haut rang, dont le général de division Mohammad Reza Zahedi, un haut commandant de la Force Quds, et sept autres officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique. L’Iran a riposté par des frappes de missiles et de drones contre Israël, aggravant encore le conflit. Israël a ensuite lancé une série de frappes de missiles sur des sites militaires iraniens. Ces événements constituent une escalade significative dans le conflit de longue date entre les deux nations, avec des implications plus larges pour la stabilité et la sécurité régionales.

Les progrès nucléaires de l’Iran continuent également d’être une source de fortes tensions tant au niveau régional que mondial. Les développements récents dans ce domaine, associés aux conflits régionaux en cours, ajoutent à la complexité et à la volatilité de la situation. La communauté internationale reste profondément préoccupée par la possibilité que l’Iran développe des armes nucléaires, ce qui pourrait déstabiliser davantage un Moyen-Orient déjà fragile.

Selon la constitution iranienne, la mort du président signifie que le premier vice-président, actuellement Mohammed Mokhber, est en lice pour assumer la présidence. Toutefois, cette transition n’est pas automatique et nécessite l’approbation du guide suprême. L’élévation de Mokhber au poste de président par intérim lundi a assuré la continuité, tout en soulignant également l’influence significative de Khamenei dans la structure politique iranienne, même les dispositions constitutionnelles étant soumises à son approbation.

Mokhber, 69 ans, était le septième premier vice-président de l'Iran depuis 2021. Il est également membre du Conseil de discernement d'opportunité. Sa carrière comprend le service en tant qu’officier dans le corps médical du CGRI pendant la guerre Iran-Irak.

En cas de décès du président, la constitution iranienne prévoit qu’un conseil composé du premier vice-président, du président du Parlement et du chef du pouvoir judiciaire organise l’élection d’un nouveau président dans un délai maximum de 50 jours.

متعلقات