En Biélorussie, l’opposant Viktar Babaryka dénonce la « campagne d’intimidation » de Loukachensko

  • 2020-06-22 18:06:02
L’autocrate multiplie les arrestations avant la présidentielle, alors que des manifestations se poursuivent dans le pays. Quelques heures à peine après avoir prétendu mater une « révolution », fomentée par d’obscures forces venues « de l’Est et de l’Ouest », Alexandre Loukachenko était à nouveau défié par sa population. En cette fin juin, à quelques semaines d’un scrutin censé lui octroyer un sixième mandat, le président biélorusse, qui règne depuis plus de vingt-cinq ans sur le petit pays de l’ex-Union soviétique, semble dépassé par la colère de son peuple. Dans la journée de samedi 20 juin, malgré les répressions policières de la veille, les Biélorusses étaient à nouveau venus manifester à Minsk contre le chef d’Etat et ses dérives autocrates. « Peut-on dire qu’il y a un changement au sein de la population ? Que la peur a disparu ? C’est difficile à dire. Mais, pour l’heure, les intimidations et les menaces de Loukachenko n’ont pas fonctionné », observe Artyom Shraibman, analyste politique. Vendredi, jeunes, vieux, politisés ou non, étaient déjà descendus dans les rues de la capitale pour crier « liberté ». L’après-midi, une chaîne humaine de plusieurs milliers de personnes s’était formée pour réclamer la libération de Viktar Babaryka. L’homme d’affaires, qui fut pendant vingt ans à la tête de la banque russe Belgazprombank, s’est porté candidat à l’élection présidentielle du 9 août. Après avoir recueilli quelque 400 000 signatures quand il n’en faut que 100 000, l’homme a semble-t-il représenté une menace suffisamment précise pour qu’Alexandre Loukachenko prenne les devants. Le 18 juin, le Comité pour le contrôle de l’Etat, sorte de parquet financier biélorusse, a annoncé l’arrestation de l’ex-banquier, l’accusant de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Une vingtaine d’employés de l’établissement ont également été arrêtés, tandis que l’Etat prenait le contrôle de la banque, propriété du groupe gazier russe Gazprom. M. Babaryka, qui avait démissionné de Belgazprombank peu avant de se porter candidat, a dénoncé une « campagne d’intimidation » à des fins « politiques ».

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