Nouvelle passe d’armes entre l’Allemagne et la Russie dans l’affaire du Géorgien tué à Berlin

  • 2020-06-19 17:22:14
Selon le parquet fédéral allemand, c’est la Russie qui a donné l’ordre de liquider l’opposant à l’Etat central russe, Tornike Kavtarachvili. Le gouvernement d’Angela Merkel songe à durcir les sanctions contre Moscou. Sept mois après s’être saisi de l’enquête, le parquet fédéral allemand, compétent en matière d’espionnage et de terrorisme, en est convaincu : selon lui, c’est la Russie qui a commandité le meurtre de Tornike Kavtarachvili, un Géorgien de 40 ans tué de trois balles tirées à bout portant en pleine journée, le 23 août 2019, dans un parc de Berlin. « Des autorités au sein du gouvernement central de la Fédération de Russie ont donné l’ordre de liquider [la victime] en raison de son opposition à l’Etat central russe, aux gouvernements de ses républiques autonomes de Tchétchénie et d’Ingouchie ainsi qu’au gouvernement prorusse de Géorgie », a déclaré le parquet de Karlsruhe, jeudi 18 juin, dans un communiqué. L’accusation a donné lieu à une passe d’armes diplomatique entre l’Allemagne et la Russie. En déplacement à Vienne, le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a qualifié l’affaire d’« extraordinairement grave », invité l’ambassadeur de Russie en Allemagne à une « rencontre », et précisé que son gouvernement « se réserv[ait] le droit de prendre de nouvelles mesures » contre Moscou. Convoqué en fin de journée au ministère des affaires étrangères, à Berlin, l’ambassadeur Sergueï Netchaïev a qualifié d’« infondées » les accusations du parquet de Karlsruhe, ajoutant que la Russie n’hésiterait pas à riposter si l’Allemagne engageait de nouvelles sanctions à son encontre. C’est la deuxième fois que cette affaire provoque une altercation de ce type entre Moscou et Berlin. Le 4 décembre 2019, le jour où le parquet allemand s’était saisi de l’enquête, M. Netchaïev avait déjà été convoqué au ministère des affaires étrangères pour se voir signifier l’ordre d’expulsion de deux agents du service de renseignement militaire russe (GRU) en poste dans la capitale allemande. Pour justifier sa décision, le gouvernement d’Angela Merkel avait invoqué le « manque de coopération » des autorités russes à l’enquête « malgré des demandes répétées et insistantes de haut rang ». Quelques jours plus tard, la Russie avait répliqué en renvoyant deux diplomates allemands en poste à Moscou. A l’époque, cependant, la tension entre les deux pays avait été contenue par le fait que les officiels allemands prirent soin de distinguer, comme possibles commanditaires, les autorités russes et celles de la République de Tchétchénie. Une hypothèse alors évoquée était celle d’un assassinat commandité depuis Grozny et exécuté avec l’aide d’agents russes.

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