Combats à mains nues, chutes, noyades : comment l’Inde et la Chine se sont affrontées dans l’Himalaya, à 4 200 mètres d’altitude

  • 2020-06-18 16:55:56
Alors que le bilan côté chinois demeure secret, les conditions dans lesquelles vingt soldats indiens sont morts lundi 15 juin dans une zone contestée s’éclaircissent. Que s’est-il réellement passé dans la soirée de lundi 15 juin au Ladakh, pour que 20 soldats indiens, et un nombre à ce stade inconnu de soldats chinois, meurent sans aucun coup de feu ? En Inde, l’émotion a laissé place à la recherche d’explications. Alors que les armées des deux géants d’Asie se toisaient depuis le 5 mai le long de la ligne de contrôle effectif (Line of Actual Control, LAC), qui marque depuis 1962 la frontière entre le territoire indien du Ladakh et la région chinoise de l’Aksai Chin, située à la jointure des régions autonomes du Tibet au sud et du Xinjiang au nord, des militaires se sont battus dans un corps-à-corps qui a mal tourné. L’affrontement a eu lieu au nord du lac Pangong Tso, dans la vallée de la rivière Galwan, à environ 4 200 mètres d’altitude, alors qu’un accord – qualifié de « consensuel » par les deux parties – avait été passé cinq jours plus tôt, le 10 juin. Cet accord, échafaudé par les états-majors des deux armées, était destiné à faire retomber la pression et à mettre en place des mesures de « désescalade », avec notamment l’établissement d’une « zone tampon » entre la LAC et le point de confluence de la Galwan et du Shyok, un autre cours d’eau. Selon le lieutenant Panag, qui a dirigé les troupes indiennes par le passé dans la zone, l’armée populaire de libération chinoise avait récemment « pris le contrôle d’environ 40 à 60 kilomètres carrés en territoire indien » en trois points différents de la région. Dans la vallée de la Galwan, elle avait « avancé sur 3 kilomètres » au-delà de la LAC, pour finalement consentir à reculer. C’est là que la bagarre aurait eu lieu, lundi. Extrême violence Dans son édition du 18 juin, le quotidien The Hindu a retracé le déroulé des faits à partir des déclarations d’un haut fonctionnaire de New Delhi ayant réclamé l’anonymat. Tout a démarré vers 19 h 30, lorsqu’une unité militaire indienne a entrepris de démonter un campement ennemi. « Les Chinois n’avaient pas retiré leur tente malgré l’accord qui venait d’être passé, les soldats indiens ont donc décidé de la démanteler et d’y mettre le feu », indique cette source. Les Indiens auraient gardé le contrôle de la situation « durant une heure », jusqu’à ce que l’armée chinoise envoie des renforts « équipés de barres de fer ». Les premiers se seraient défendus « à mains nues » et le corps-à-corps, d’une extrême violence, aurait conduit, délibérément ou accidentellement, à la chute de nombreux soldats dans la rivière située en contrebas. Certains seraient morts en tombant, d’autres par noyade. « Ils ont été débordés et beaucoup d’entre eux ont été poussés dans une pente pierreuse raide. Ils sont tombés comme des objets en chute libre », précise une source sécuritaire citée par l’Agence France-Presse.

متعلقات