Hongkong honore la mémoire du massacre de Tiananmen en bravant l’interdiction des autorités chinoises
2020-06-05 18:53:40
Le Parlement de Hongkong a adopté le 4 juin une loi hautement symbolique punissant l’outrage à l’hymne national chinois.
Les organisateurs de la veillée commémorant le massacre de Tiananmen à Pékin, il y a trente et un ans dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, avaient astucieusement réagi à l’interdiction imposée par la police sous le prétexte douteux de lutte contre l’épidémie de Covid-19 : ils avaient appelé les Hongkongais à marquer l’anniversaire de manière dispersée, par petits groupes, ou simplement de chez eux, en mettant une bougie à leur fenêtre ou en ligne. Mais ils avaient toutefois indiqué qu’eux se rendraient malgré tout à Victoria Park, où ont lieu depuis trente ans cette grande cérémonie citoyenne et les discours qui l’accompagnent.
« C’est un must », nous avait indiqué Lee Cheuk-yan, actuel président de l’Alliance de Hongkong en soutien des mouvements démocratiques patriotiques en Chine, l’association qui s’était constituée dans le feu de l’action au printemps 1989 et entretient le souvenir depuis. Et c’est ainsi que, finalement, des milliers de Hongkongais leur ont emboîté le pas, passant outre tant l’interdiction de la police que les consignes de l’Alliance. Signant un nouveau geste collectif de désobéissance civile et de défiance à Pékin qui voudrait tant qu’on cesse de lui rappeler l’épisode embarrassant de Tiananmen.
« Rassemblement illégal »
Pour les Hongkongais, la journée était doublement symbolique, car le Parlement du territoire a adopté le jour même une loi controversée, celle qui punit le non-respect du drapeau national et de l’hymne national chinois. Les députés de la majorité ont approuvé le texte à 41 voix pour et une voix contre, pendant que les quelque 25 députés de l’opposition ont tenté un ultime chahut de diversion pour empêcher le vote. Le délit est désormais passible de trois ans de prison et d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 500 euros.