Revers judiciaire pour la numéro deux du groupe chinois Huawei, retenue au Canada

  • 2020-05-28 15:22:20
La justice canadienne estime que la procédure d’extradition, demandée par les Etats-Unis, peut se poursuivre. Au risque d’affecter encore davantage les relations avec la Chine. La Cour suprême de Colombie-Britannique a infligé, mercredi 27 mai, un premier revers judiciaire à Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, et renvoyé à plus tard l’espoir d’un apaisement dans les relations entre le Canada et la Chine. Dans un jugement de vingt-trois pages, la juge Heather Holmes a conclu que la procédure d’extradition réclamée à l’encontre de la femme d’affaires par les Etats-Unis pouvait se poursuivre. Pour être extradé, un justiciable doit en effet être poursuivi par la justice américaine pour un délit également punissable au Canada. « Sur la question de droit soulevée, je conclus que le critère de double incrimination nécessaire à l’extradition peut être satisfait dans ce dossier », a écrit la juge. Meng Wanzhou pourrait donc faire face à la justice américaine. Ses avocats ont la possibilité de faire appel. Washington accuse notamment la numéro deux de Huawei et fille du fondateur du groupe d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran et d’avoir comploté pour frauder des institutions bancaires. Le jugement rendu mercredi ne porte pas sur le fond, soit les accusations de fraude, mais rejette la requête de forme des avocats de Meng Wanzhou. Ces derniers soutenaient que l’affaire portait sur des violations de sanctions « strictement » américaines contre l’Iran, sanctions qui n’avaient pas cours au Canada au moment des faits en 2013. Représailles L’arrestation à l’aéroport de Vancouver le 1er décembre 2018, à la demande du ministère américain de la justice de Meng Wanzhou avait provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Ottawa et Pékin. Outre des représailles économiques qui ont coûté plusieurs milliards de dollars d’exportations au secteur agricole canadien, la Chine avait procédé quelques jours plus tard à l’arrestation de deux ressortissants canadiens, l’ex-diplomate Michael Kovrig et l’entrepreneur Michael Spavor, sous prétexte « d’espionnage ». Les deux hommes sont incarcérés depuis plus de cinq cents jours dans des conditions difficiles, quand Meng Wanzhou a obtenu de vivre en liberté surveillée, bracelet électronique à la cheville, dans l’une de ses luxueuses résidences de Vancouver. Quelques heures avant cette première décision de justice très attendue à Pékin, à Ottawa et à Washington, Meng Wanzhou avait choisi de faire une sortie remarquée en dehors de sa résidence. Elle a posé pour une photo, entourée de sa famille et de ses amis, pouce levé sur les marches du palais de justice de Vancouver, comme pour anticiper une victoire annoncée. Une bravade accompagnée d’une mise en garde explicite du gouvernement chinois la veille de la décision.

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