Le plan solidaire de Macron et Merkel pour l’Europe face aux réticences des pays « frugaux »

  • 2020-05-20 15:16:38
Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark rejettent le principe de subventions mis en avant par Paris et Berlin, afin d’aider les Etats et secteurs les plus touchés par la pandémie. Rien n’est joué : c’est la formule qui résume le mieux le sentiment dominant dans l’Union européenne (UE) au lendemain de l’annonce d’un accord franco-allemand pour tenter de relancer l’économie européenne, les pays, les régions et les secteurs les plus touchés par la pandémie, à hauteur de 500 milliards d’euros, montant qui serait financé par un emprunt communautaire. Impossible sans une entente entre Berlin et Paris, le plan satisfera-t-il pour autant les vingt-cinq autres pays membres ? Angela Merkel, elle-même, a évoqué, lundi 18 mai, « une ébauche de solution », tandis qu’Emmanuel Macron indiquait qu’une entente avec Berlin ne signifiait pas − ou plus − la garantie d’une approbation par les Vingt-Sept. Une initiative « constructive » Un tabou a été levé − surtout pour Berlin −, à savoir le droit, pour la Commission de Bruxelles, d’emprunter une telle somme au nom de l’Union, dans le cadre du budget européen, puis à reverser cet argent aux Etats membres les plus frappés. Le collège européen n’a toutefois exprimé aucun enthousiasme. Sa présidente, Ursula von der Leyen, a prudemment parlé d’une initiative « constructive » de la France et de l’Allemagne. Elle doit en fait présenter, le 27 mai, une proposition de budget 2021-2027 censée traduire sa propre vision d’un plan de relance. Et ce sera ensuite à Charles Michel, le président du Conseil, de forger un accord à l’unanimité sur cette base. La philosophie du projet Merkel-Macron, selon laquelle les bénéficiaires des 500 milliards ne seront pas ceux qui devront les rembourser, est différente de celle du futur plan de Bruxelles. Ursula von der Leyen évoquait un niveau de subventions plus faible − moins de 200 milliards d’euros − et envisageait d’apporter l’argent levé sur les marchés en garantie aux Etats, et plus encore aux entreprises qui auraient besoin d’emprunter pour faire face à la crise. « Il y aura des prêts et des transferts », a assuré quant à lui Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission, mardi. Désormais lâchés par l’Allemagne, plusieurs Etats membres refusent le principe d’un mécanisme de subvention et souhaitent que l’argent soit remboursé par ceux qui en auront bénéficié. Et disent non au système de redistribution que suppose le transfert budgétaire imaginé par la chancelière allemande et le président français. Lors d’une réunion des ministres des finances par visioconférence, mardi, les Pays-Bas ont, par exemple, jugé que l’initiative franco-allemande permettait « le début, et pas la fin d’une discussion ». Wopke Hoekstra, le ministre des finances néerlandais, estimait que le texte devait insister davantage sur les réformes économiques nécessaires. En clair : pas d’argent octroyé sans condition aux pays du sud.

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