Coronavirus : en Pologne, la majorité ébranlée par le maintien de la présidentielle

  • 2020-04-03 13:18:50
Le parti ultraconservateur au pouvoir veut généraliser le vote par correspondance le 10 mai, contre l’avis de l’opposition et de certains alliés. La volonté de Jaroslaw Kaczynski de mener à bien coûte que coûte l’élection présidentielle du 10 mai, en dépit de l’épidémie de Covid-19, pourrait-elle lui coûter sa majorité ? L’obstination de l’homme fort du pays à vouloir faire réélire son candidat, Andrzej Duda, grand favori, en dépit des risques sanitaires considérables, est perçue par beaucoup comme l’ultime preuve du caractère autoritaire et jusqu’au-boutiste du parti ultraconservateur PiS (Droit et justice) au pouvoir, après quatre années d’atteintes ostentatoires aux principes de l’Etat de droit, dénoncées par l’opposition et les institutions européennes. Mais, en pleine crise sanitaire, d’importantes ruptures apparaissent au sein de la coalition de la droite unie, composée du PiS et de ses deux partis affiliés, qui pourraient bien compliquer les plans du chef de la majorité. Dans la nuit de mercredi à jeudi, la direction du PiS a décidé de déposer un amendement au projet de loi modifiant le code électoral, qui permettrait de généraliser le vote par correspondance à tous les électeurs. Un scrutin sans bureaux de vote et sans urnes, uniquement par voie postale, qui poserait toutefois d’élémentaires problèmes constitutionnels, organisationnels et de santé publique. Même si la pandémie est pour l’heure relativement contenue (2946 contaminés, 57 morts), le pic de l’épidémie est attendu pour début mai. La Diète doit se prononcer sur le texte vendredi. Mais, depuis lundi, le débat sur le vote par correspondance a suscité les plus vives tensions entre Jaroslaw Kaczynski et le vice-premier ministre, Jaroslaw Gowin, chef de file du microparti Porozumienie (« Accord »), frange modérée de la majorité. Fort de ses dix-huit députés, M. Gowin a, en théorie, la capacité de faire rejeter le texte. « Les élections ne peuvent avoir lieu que dans des conditions qui ne menaceront pas la vie des Polonais », déclarait-il, mardi, suscitant la rage du chef de la majorité.

متعلقات