By/AIJES Lorsque le président français Emmanuel Macron déclara en avril dernier sa fermeté envers l'islam politique, il créa un mouvement de panique dans le réseau des frères musulmans, non seulement en France mais aussi au sein de cette organisation à l'échelle mondiale. Il sait et les services de l'État français savent que le territoire français est devenu un terrain de conquête pour cet islam politique qui s'appuie sur le Qatar et la Turquie d'Erdogan. On ne peut pas comprendre ce qui se passe en France sans s'intéresser à ce qui se passe dans le monde musulman. Le dernier sommet islamique de Malaisie a mis en évidence l'existence de nouveaux acteurs désireux de modifier la carte des influences sur un monde musulman soumis à des pressions antagonistes. L'absence de l'Arabie saoudite à ce sommet est en soi un acte politique majeur. De tels événements impactent les minorités musulmanes dans les pays occidentaux. Comment influencer la France à travers sa minorité musulmane ? Par un véritable travail de veille afin d'identifier toutes les personnalités musulmanes capables de donner le plus grand écho aux questions communautaires, le communautarisme étant l'une des failles majeures de la société française. Les cas de discrimination et de souffrance ne manquent pas. Quelle stratégie adopter pour exploiter ces cas ? La stratégie de la victimisation de la communauté musulmane. Quoi de plus efficace que la récupération de combats réels de personnalités originaires du monde musulman ? C'est le cas de l'ancienne policière d'origine tunisienne Sihem Souid que l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant voulait punir suite à la publication de son livre intitulé "Omerta dans la police", paru en 2010. Elle a été relaxée suite au procès engagé contre elle par l'ancien ministre et proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, Sihem Souid affiche clairement sur son compte Twitter sa sympathie pour le Qatar, allant jusqu'à soutenir ses capacités à organiser la coupe du monde de football en 2022 malgré le dernier fiasco du championnat du monde d'athlétisme. Elle appuie les actions du Qatar sans prêter trop d'attention au soutien de ce pays aux groupes affiliés à l'islam politique en Europe. Ces groupes utilisent le combat contre la "haine" qui vise les musulmans pour mieux consolider leur assise. Il y a une véritable confrontation en France entre un modèle qui tourne le dos à son histoire et un modèle d'extrême-droite qui se nourrit de l'extrémisme religieux et de la peur des étrangers pour avoir plus de poids politique. Autrement dit, l'islam politique et l'extrême-droite sont les acteurs complémentaires d'une bipolarité qui risque de déchirer la France. On débat actuellement de la nécessité ou non d'interdire les listes communautaires aux élections municipales de 2020. Le choix d'une personnalité comme Sihem Souid n'est pas le fruit du hasard, puisque son adversaire Claude Guéant est celui qui est le plus cité dans le financement présumé de l'action politique de Nicolas Sarkozy par l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Qui s'est illustré récemment sur le terrain libyen ? Le leader turc Erdogan, l'ami du Qatar. Et qui a remporté le prix Edgar Faure 2019 ? Nicolas Sarkozy lui-même pour son livre intitulé "Passions". Sihem Souid est membre du jury qui lui a décerné ce prix. La boucle est bouclée. Les réseaux agissant en France pour le Qatar démontrent ainsi leur capacité à embarrasser l'État français et à exploiter ses faiblesses. Après, il suffit de "calmer les esprits et de dissiper les malentendus" en attendant la mise en œuvre d'une nouvelle opération à caractère intellectuel ou sportif. Ne soyons donc pas étonnés d'apprendre un matin qu'une délégation des "gilets jaunes" a séjourné à Doha pour participer à un colloque ou un séminaire. Le Qatar observe la France, c'est un fait. Non en raison de sa faiblesse, mais parce qu'une influence sur un État fort conforte cet émirat dans ses ambitions internationales.