Au Chili, explosion de plaintes contre les forces de l’ordre pour violences sexuelles

  • 2019-11-15 05:05:19
Les organisations de défense des droits de l’homme et associations féministes et LGBT dénoncent des dizaines de cas commis par la police et l’armée depuis le début du mouvement social, mi-octobre. « Tolérance zéro envers les violences faites aux femmes. » En publiant ce message, lundi 11 novembre sur Twitter, Isabel Plá, la ministre chilienne de la femme et de l’égalité de genre, a déclenché sans le vouloir une vague de colère. « Combien de femmes agressées sexuellement par la police avez-vous accompagnées ? », s’indigne une utilisatrice du réseau social. « Rendez-nous service et démissionnez », enjoint une autre. La ministre, dont le portrait est régulièrement placardé sur les murs de Santiago, la capitale chilienne, accompagné de l’inscription « Plá dehors ! », est sous le feu des critiques depuis le début du mouvement social, mi-octobre. La mobilisation des Chiliens ne faiblit pas : ce mardi 12 novembre, de nouvelles manifestations ont été organisées partout à travers le pays, parfois émaillées d’incidents violents. Alors que les accusations de violences policières sont de plus en plus nombreuses et médiatisées, les Chiliens reprochent au gouvernement de Sebastián Piñera – le président de droite au pouvoir depuis début 2018 – son manque de réaction. En un mois, cinq personnes auraient été tuées par les forces de l’ordre et plus de 2 000 blessées, dont 200 présentent des lésions oculaires graves. Le dernier bilan présenté par l’Institut national des droits humains (INDH), un organisme public indépendant, est effarant. « La police chilienne a toujours réprimé les mouvements sociaux plus fortement que dans les autres pays de la région, explique Lucia Dammert, sociologue à l’université du Chili spécialisée dans les questions de sécurité, mais le niveau de violation des droits de l’homme auquel on assiste aujourd’hui est sans précédent depuis la dictature militaire [1973-1990]. » Scènes d’humiliation Parmi les cas recensés par l’INDH, le nombre de victimes de violences sexuelles a bondi. En quatre semaines, au moins 93 personnes, parmi lesquelles 23 mineures, ont dénoncé auprès de l’organisation des « traitements cruels, inhumains et dégradants avec violence et connotation sexuelle » commis par les carabineros – la police chilienne – et par l’armée, déployée par le gouvernement durant les dix premiers jours du mouvement social. L’INDH a déjà présenté une cinquantaine de plaintes pour violences sexuelles devant la justice. « Certaines pratiques illégales reviennent régulièrement dans les témoignages, et ce à travers tout le pays. C’est comme si la police les avait institutionnalisées », affirme Danitza Pérez Cáceres, membre de l’Association des avocates féministes (Abofem) qui représente vingt-cinq personnes ayant dénoncé des violences sexuelles. « Les manifestants arrêtés par la police sont souvent forcés de se déshabiller entièrement. C’est quelque chose de complètement interdit, tant au niveau international que national », explique Camila Troncoso, également membre d’Abofem.  

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