Trente ans après la chute du mur de Berlin : les chemins sinueux de la réunification européenne

  • 2019-11-09 17:00:46
L’élargissement a été un succès géopolitique pour les pays de l’Union même si les relations entre l’Est et l’Ouest génèrent frustrations, rivalités et malentendus. Le déjeuner devait permettre de reprendre langue après des mois d’hostilités. Vendredi 11 octobre, Emmanuel Macron et Viktor ­Orban se retrouvent autour d’une table dressée dans un salon de l’Elysée pour une première rencontre bilatérale après avoir multiplié les passes d’armes pendant la campagne en vue du scrutin européen du mois de mai. Tout semble opposer le président français, partisan d’un sursaut européen, et le premier ministre hongrois, chantre de l’« illibéralisme », volontiers eurosceptique et icône des extrêmes droites continentales, même si l’heure est au compromis. « Je ne crois pas que l’Europe puisse avoir une ligne de partage entre l’Est et l’Ouest », assure M. Macron avant leur tête-à-tête. « L’Ouest diffère de l’Est, mais nous avons besoin d’unité », renchérit son invité. Une « unité » de façade En réalité, « l’unité » vantée par M. Orban reste de façade face aux mises en garde adressées par Bruxelles à Budapest sur les violations de l’Etat de droit. Quant au chef de l’Etat français, il bloque l’élargissement aux Balkans en opposant son veto, quelques jours plus tard, à l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Macédoine du Nord et l’Albanie, au grand dam des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, ­République tchèque et Slovaquie), dont le Hongrois est la figure de proue. Trente ans après la chute du mur de Berlin, les relations compliquées qu’entretiennent entre eux les 28 (bientôt 27) membres de la famille européenne en disent long sur l’état d’intégration – ou de discorde – qui règne sur le continent. Et démontrent que sa réunification est loin d’être achevée. Autrefois arrimés à l’URSS, la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est ont certes profité de la vague d’élargissement, en 2004 et 2007. Couplée à leur adhésion à l’OTAN, leur intégration a constitué un formidable succès géopolitique, au point d’aiguiser les appétits de revanche de Vladimir Poutine. Les fonds communautaires ont dopé leur rattrapage sur le plan économique et en matière d’infrastructures. Leur prospérité reste cependant loin derrière les standards de l’Ouest européen. Et le fossé, qui semblait se combler depuis 1989, a paru s’élargir de nouveau, en une décennie, sous l’effet de crises à répétition. « En Europe centrale et orientale, il y a une combinaison, unique, entre la baisse de la fécondité et une émigration désormais cause principale du recul démographique » Tomas ­Sobotka Institut ­démographique de Vienne (Autriche)

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