Des mesures « révolutionnaires » pour enrayer la hausse des loyers à Berlin

  • 2019-10-21 09:56:21
La décision des autorités locales de geler les loyers d’un million et demi de logements provoque la polémique, alors que la capitale, très attractive, connaît une pression immobilière inédite. Cela faisait longtemps qu’un projet de loi n’avait pas été qualifié de « révolutionnaire » en Allemagne. C’est le cas de celui que vient de rédiger le gouvernement du Land de Berlin. Vendredi 18 octobre, après plusieurs semaines d’âpres négociations, les trois composantes de la coalition « rouge-rouge-verte » à la tête de la capitale allemande – le Parti social-démocrate (SPD), le parti de gauche Die Linke et Les Verts – se sont engagées à geler les loyers d’un million et demi de logements pendant cinq ans à partir de janvier 2020. Une première outre-Rhin. Le projet de loi, qui doit être adopté mardi, garantit au nouveau locataire de tout logement construit avant 2014 de ne pas payer un loyer supérieur à celui de son prédécesseur. Si le prix dépasse de 20 % un certain plafond, calculé sur l’échelle des loyers de 2013 majorés de 13 %, une baisse pourra même être exigée auprès du propriétaire. En clair, cela signifie qu’un logement évalué à 7 euros par mètre carré selon la grille de 2013 ne pourra pas être loué à plus de 8,60 euros d’ici à 2025. Trois fois moins cher qu’à ParisLa nouvelle loi vise à répondre à l’explosion du marché de l’immobilier à Berlin. Certes, la ville reste bon marché par rapport à d’autres capitales européennes : aujourd’hui, un appartement s’y loue en moyenne 11 euros par mètre carré, soit environ trois fois moins cher qu’à Paris. Mais l’augmentation des prix y est particulièrement rapide. A Berlin, les loyers ont ainsi augmenté de près de 85 % depuis 2007. Sur la même période, la hausse a été d’environ 25 % à Paris. En 2003, Klaus Wowereit (SPD), alors maire de Berlin, avait décrit sa ville comme « pauvre mais sexy ». Seize ans plus tard, celle-ci est toujours considérée comme « sexy » mais, précisément pour cette raison, elle est désormais beaucoup mois pauvre. Très attractive, la capitale allemande est aujourd’hui victime de son succès : chaque année, 40 000 nouveaux habitants s’y installent, alors que seulement 15 000 nouveaux logements y sont construits. Ce qui explique la hausse des prix de l’immobilier, en particulier dans les quartiers populaires de l’ancien Berlin-Ouest, comme Neukölln et Kreuzberg, où les loyers ont augmenté respectivement de 150 % et 120 % depuis 2007. Qualifié de « révolutionnaire » par les quotidiens berlinois Tagesspiegel (de centre droit) et Tageszeitung (clairement de gauche), le projet de loi est très controversé. Pour la puissante fédération des entreprises immobilières IVB, c’est un « retour à une politique du logement de nature socialiste ». La droite est également vent debout. Selon l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière Angela Merkel, il s’agit du texte « le plus injuste de l’histoire » de Berlin. Quant au Parti libéral-démocrate (FDP), il estime que les mesures proposées visent ni plus ni moins qu’à « promouvoir une économie planifiée », comparable à celle pratiquée par la République démocratique allemande (RDA) à l’époque du rideau de fer.Le Monde

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