En Algérie, le pouvoir se raidit à l’approche de l’élection présidentielle

  • 2019-10-20 09:00:50
Le scrutin du 12 décembre, voulu et imposé par l’armée, se prépare dans un climat de crise politique toujours plus aiguë. Une Algérie ingouvernable. Et une crise politique sans issue. Voilà sans doute ce qui attend le futur président algérien si le scrutin prévu le 12 décembre se tient dans le climat actuel. La mobilisation contre la nouvelle loi sur l’investissement dans le secteur des hydrocarbures vient d’en donner un avant-goût. Vendredi 11 octobre, puis dimanche, et encore mardi, des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour conspuer le texte. Elaboré dans une opacité totale, son contenu exact n’était pas connu des marcheurs. Qu’importe : les mêmes slogans, martelés depuis huit mois, ont retenti – « Voleurs », « Vendus », « Dégagez ! » – avec une rage démultipliée. Pour les contestataires, tout ce qui émane du gouvernement de Noureddine Bedoui, ancien ministre de l’intérieur sous Abdelaziz Bouteflika et dernier premier ministre nommé par l’ancien président, est frappé d’infamie et d’illégitimité. La rupture de confiance entre l’Etat et une partie des Algériens est consommée. C’est pourtant ce même gouvernement qui prépare l’élection du 12 décembre. Un scrutin voulu et imposé par l’armée qui dirige le pays de facto, mais boycotté par la quasi-totalité de l’opposition, des islamistes aux démocrates. Laquelle opposition n’accorde aucun crédit à une administration au lourd passé de trucage électoral. Le casting se résume donc aujourd’hui à une compétition entre anciens ministres du président sortant. Murés dans le silenceLe formalisme absurde de l’administration et de l’autorité en charge du scrutin, qui annoncent une augmentation jamais vue des inscriptions sur les listes électorales, « notamment parmi les plus jeunes », accroît le sentiment de malaise. A Alger, les mairies baignent dans la torpeur d’un automne caniculaire. Dans le reste du pays, aucune image, aucun témoignage ne viennent confirmer ces allégations. Les deux principaux candidats – deux anciens premiers ministres –, Ali Benflis, challenger malheureux en 2004 et en 2014, et Abdelmadjid Tebboune, sont murés dans le silence : un post Facebook pour critiquer la loi sur les hydrocarbures pour l’un, une unique conférence de presse pour l’autre. « A croire qu’ils ne savent pas quoi faire. Tebboune est peut-être le candidat d’une partie du système, mais il n’est pas dit que le système ait vraiment un candidat. La seule chose qui compte est qu’il soit issu du sérail, estime un observateur algérien, fin connaisseur du régime. Les relais électoraux du régime, comme le FLN [Front de libération nationale] ou l’UGTA [Union générale des travailleurs algériens], sont morts, balayés par la contestation et l’offensive de l’état-major contre les réseaux d’Abdelaziz Bouteflika qu’il accuse de comploter contre lui. C’est l’inconnu. Quant à Benflis, qui pensait qu’une voie royale se dégageait devant lui, il a pris un coup sur la tête avec la candidature de Tebboune. »

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