Elections européennes 2019 : après six mois de mobilisation, les listes « gilets jaunes » font moins de 1 %

  • 2019-05-26 22:40:42
Les deux listes issues du mouvement de contestation sociale qui a provoqué la plus grande crise du quinquennat d’Emmanuel Macron n’ont mobilisé chacune que 0,5 % des électeurs. Les deux listes issues des « gilets jaunes », mouvement de contestation sociale qui a provoqué la plus grande crise du quinquennat d’Emmanuel Macron, n’ont mobilisé ensemble que 0,5 % des électeurs dimanche 26 mai, selon les premières estimations. Alliance jaune, menée par le chanteur Francis Lalanne, a remporté environ 0,5 %, et Evolution citoyenne, avec à sa tête Christophe Chalençon, moins de 0,5 % des voix lors de ce scrutin européen, loin du seuil des 5 % nécessaires pour envoyer des élus au Parlement européen. « On nous vole le scrutin », a accusé Christophe Chalençon, en assurant qu’il déposerait des « recours » partout en France pour « faire invalider les élections », du fait du rejet, dans les bureaux de vote, des bulletins de vote « Evolution citoyenne » imprimés sur du papier 80 grammes. « A partir de demain, nous allons mettre le feu », menace-t-il. Des figures du mouvement s’étaient également immiscées dans des partis qui ont intégré des « gilets jaunes » sur leur liste. Benjamin Cauchy était ainsi en 9e position de la liste de Nicolas Dupont-Aignan (DLF, environ 3,6 %) alors que Jean-François Barnaba s’est allié aux Patriotes de Florian Philippot (entre 0,5 et 0,7 %). Né de contestations sur le prix de l’essence qui se sont étendues à des revendications sur le pouvoir d’achat, la justice fiscale et le système politique, le mouvement des « gilets jaunes » en est à sa 28e semaine de mobilisation. Très vite, la question d’une traduction politique et électorale du mouvement s’est posée. Dans les premiers sondages qui, dès décembre, introduisaient dans leurs enquêtes l’éventualité d’une liste « gilets jaunes », celle-ci était donnée aux alentours de 10 % d’intentions de vote. Aucune exultation chez les « gilets jaunes »Du côté du rond-point des Vaches à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime), dimanche soir, il n’y eut aucune exultation parmi les « gilets jaunes » lorsqu’ils ont vu que la liste qui défendait les couleurs de ce président contre qui ils manifestent depuis six mois n’arrivait qu’en seconde position. Lorsque les résultats sont apparus sur l’écran installé spécialement sur le parking près d’un Buffalo Grill, il y a eu quelques cris et puis le silence. Ceux-ci n’étaient pas du tout préoccupé par le score des liste « gilets jaunes », auxquelles ils ne s’identifiaient absolument pas. « Que ce soit le Rassemblement national en tête ou La République en marche, on savait qu’on allait pleurer », résumait Caterina, 58 ans. « C’est Macron qui a fait le jeu du RN en nous répondant pas », a lancé Patrick, fonctionnaire de 61 ans, à ses côtés. « Dans toutes les suprises de ce soir, il faut quand même noter le recul de l’abstention. Et on n’y est pas pour rien », se consolait Olivier, 41 ans, opérateur industriel. « En six mois, on n’a obtenu que des miettes mais ce qu’on a réussi, c’est un éveil citoyen. Ici, on a accompagné plein de gens pour faire leur carte d’électeur et beaucoup ont voté pour la première fois grâce à nous ! Le problème, c’est qu’on a eu beau expliquer que c’était un scrutin à un seul tour, à la proportionnelle, la manipulation a marché et les gens sont allés voter en fonction d’un duel RN/LRM. » Plusieurs initiatives abandonnéesPlusieurs initiatives alors été lancées par des figures des « gilets jaunes », comme celle pilotée par Ingrid Levavasseur avec la liste du Ralliement d’initiative citoyenne (RIC). Mais cette liste est très vite critiquée par une partie des « gilets jaunes », qui refusent tout engagement en politique. Beaucoup lui reprochaient également de « faire le jeu de Macron », les sondages indiquant alors qu’une liste « gilets jaunes » aux européennes serait profitable à celle de La République en marche (LRM) en prenant des voix à ses principaux adversaires, le Rassemblement national (RN) et La France insoumise (LFI). Mme Levavasseur a aussi été prise pour cible et reçoit régulièrement de nombreuses insultes et menaces. Début février, un débat en direct sur Facebook avec Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), avait dû être interrompu en raison du « flot d’insanités » reçu en commentaires. La structuration du mouvement en listes électorales a divisé au sein des « gilets jaunes », certains considérant que leur mouvement était profondément antisystème et d’autres pensant qu’il fallait intégrer le système pour le changer. « On peut être dans la rue, avoir des revendications et les scander mais à un moment donné (…) il faut pouvoir dire les choses en rentrant dans le système », estime Ingrid Levavasseur, qui compte se présenter aux élections municipales, en 2020.  

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