Taxis, auto-écoles et ambulanciers : pourquoi manifestent-ils ?

  • 2019-05-20 21:32:57
Les trois professions manifestent ensemble contre plusieurs réformes passées ou à venir, notamment le projet de loi d’orientation des mobilités. Des taxis, des ambulanciers et des auto-écoles participent, lundi 20 mai, à des opérations escargot et à des ralentissements, notamment en région parisienne et dans la capitale. Ils répondent à l’appel de syndicats de taxis et d’auto-écoles, ainsi que d’une association d’ambulanciers pour protester contre la loi « mobilités » et la réforme à venir du permis de conduire. « Nous attendons des gens de province et il y a des initiatives locales », a annoncé lundi Karim Asnoun (CGT-Taxis), qui espère « un succès » pour cette mobilisation. La préfecture de police de Paris a prévenu que « des perturbations sont à prévoir sur l’ensemble des itinéraires empruntés par les différentes professions représentées ». Les cortèges doivent partir de Roissy, d’Orly, de la Défense, Torcy, des portes de Clignancourt, Bagnolet, d’Italie, Auteuil, selon la préfecture. Elle « conseille aux automobilistes de contourner très largement les abords des zones concernées et d’éviter les itinéraires empruntés ainsi que leurs abords ». Les cortèges doivent ensuite converger vers la capitale, direction boulevard Raspail (7e), où une manifestation à pied est prévue jusqu’à la place du Président-Herriot, selon la préfecture de police, qui prévoit une dispersion vers 20 heures. Pourquoi les taxis manifestent-ils ?Cette mobilisation est un nouvel épisode de la guerre entre taxis et voitures de transport avec chauffeurs (VTC), qui dure depuis l’arrivée des entreprises de chauffeurs privés en France. « La dernière fois où notre organisation a appelé à la mobilisation, en 2016, ça avait duré quatre jours et avait abouti à la loi Grandguillaume », a rappelé lundi Karim Asnoun (CGT-Taxis). Cette législation, entrée en vigueur au début de 2018, avait encadré considérablement les conditions d’accès à la profession de chauffeur de VTC, exigeant notamment une réservation préalable du client pour toute course – la prise en charge immédiate sur la voie publique étant réservée aux taxis. Mais plus d’un an plus tard, les griefs restent encore nombreux entre taxis et chauffeurs VTC. Et le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), actuellement en cours de discussion à l’Assemblée nationale, risque d’aggraver cette querelle. Cette nouvelle loi « casse l’équilibre entre VTC et taxis », affirme Adil Karami, porte-parole de SUD-Taxi. Les syndicats craignent en effet qu’elle ne permette aux VTC d’obtenir des droits actuellement réservés aux taxis, tels que les stations sur la voie publique pour attendre la clientèle, ou le conventionnement Sécurité sociale. Au cœur de ces inquiétudes figure tout particulièrement l’article 15 du projet de loi LOM. Il dispose que « des voies seront réservées pour faciliter la circulation des véhicules de transport public particulier de personnes ». Pour les syndicats de taxis, ce texte autorise de fait les voitures de transport avec chauffeur à emprunter les voies de bus, un privilège réservé aux taxis aujourd’hui. Le ministère des transports a pourtant assuré que les voies de bus ne pourraient être utilisées par les VTC à l’avenir, et que le texte de loi allait être modifié pour clarifier la réglementation. Mais les syndicats de taxis ne décolèrent pas, et veulent rencontrer le premier ministre pour obtenir des garanties sur leurs droits. « Ce sont des choses liées à nos licences ou à nos autorisations que l’on a achetées très cher et aujourd’hui on veut le leur donner comme un cadeau. Cela renforce l’inégalité qui nous oppose. On perd l’essence de notre métier. Le gouvernement doit rétablir l’égalité dans ce secteur », a ainsi expliqué Karim Asnoun, délégué CGT-Taxis, lundi sur Europe 1. Pourquoi les auto-écoles manifestent-elles ?Echaudées par les pistes lancées pour réformer le permis de conduire, les auto-écoles, qui s’étaient déjà mobilisées le 1er avril, récidivent lundi à l’appel des deux principales organisations de la profession (CNPA et Unidec). Elles manifestent notamment contre deux propositions d’un rapport remis en février par l’exécutif par la députée La République en marche (LRM) Françoise Dumas. Ce rapport devait proposer des pistes pour baisser le prix du permis de conduire et le rendre plus accessible. Mais les professionnels du secteur l’accusent de favoriser les plates-formes auto-écoles en ligne, nouvelles venues dans le secteur. Les syndicats redoutent ainsi une « ubérisation » de leur métier avec un agrément qui deviendrait national et abandonnerait l’obligation d’avoir un local physique.

متعلقات