En Afghanistan, les talibans ordonnent aux femmes de porter la burqa en public

  • 2022-05-07 11:42:51
Après l’interdiction faite aux Afghanes de prendre l’avion sans parent masculin et la fermeture des collèges et lycées aux filles, cette nouvelle mesure est la plus sévère restriction à la liberté des femmes depuis le retour au pouvoir des talibans. En Afghanistan, les talibans renforcent encore leur contrôle des femmes. Leur chef suprême, Haibatullah Akhundzada, a ordonné, samedi 7 mai, aux Afghanes de porter la burqa, un voile intégral, dans l’espace public. Il s’agit de la plus sévère restriction à leur liberté depuis le retour au pouvoir des talibans, à la mi-août. « Elles devraient porter un tchadri [autre nom de la burqa], car c’est traditionnel et respectueux », note le décret signé par M. Akhundzada et rendu public samedi par le gouvernement taliban, devant la presse, à Kaboul. « Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles devraient voiler leur visage quand elles font face à un homme qui n’est pas membre de leur famille » pour éviter la provocation, ajoute ce décret. Si elles n’ont pas d’importante tâche à effectuer à l’extérieur, il est « mieux pour elles de rester à la maison ». Ce décret liste aussi les punitions auxquelles sont exposés les chefs de famille qui ne feraient pas respecter le port de la burqa. Depuis la mi-août, le redouté ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice avait déjà publié plusieurs recommandations sur la manière dont les femmes devaient se vêtir. Mais il s’agit du premier texte sur le sujet promulgué à l’échelon national. Malgré des promesses, répression des droits des femmes Les talibans avaient jusqu’ici exigé que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête mais laissant apparaître le visage. Mais ils recommandaient vivement le port de la burqa, qu’ils avaient déjà imposé lors de leur premier passage au pouvoir, entre 1996 et 2001. Lors de ce premier régime, ils avaient privé les femmes de presque tous leurs droits, conformément à leur interprétation ultrarigoriste de la charia, la loi islamique. Les agents du ministère de la promotion de la vertu et de la prévention du vice fouettaient ainsi n’importe quelle qui était surprise sans burqa. Après avoir repris le pouvoir, mettant fin à vingt ans d’occupation par les Etats-Unis et leurs alliés, qui les en avaient chassés en 2001, les talibans avaient promis de se montrer plus souples. Cependant, ils ont rapidement renié leurs promesses, érodant à nouveau progressivement les droits et balayant deux décennies de liberté conquise par les femmes. Celles-ci sont désormais largement exclues des emplois publics et sont interdites de voyager seules. En mars, les talibans ont fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture, annoncée de longue date. Cette volte-face inattendue, qui n’a pas été justifiée sinon pour dire que l’éducation des filles devait se faire en conformité avec la charia, a scandalisé la communauté internationale. Les talibans ont aussi imposé la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de Kaboul, avec des jours de visite imposés pour chacun. Ces deux dernières décennies, les Afghanes avaient acquis des libertés nouvelles, retournant à l’école ou postulant à des emplois dans tous les secteurs d’activité, même si le pays est resté socialement conservateur. Des femmes ont d’abord essayé de faire valoir leurs droits en manifestant à Kaboul et dans de grandes villes, après la prise du pouvoir par les talibans. Mais ces derniers ont férocement réprimé le mouvement, arrêtant nombre de militantes et en détenant certaines, parfois pendant plusieurs semaines.

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