Aux frontières grecques, les réfugiés continuent d’être refoulés

  • 2022-04-18 01:45:15
Si les Ukrainiens sont accueillis sans réserve, les autres exilés se voient de plus en plus souvent refuser l’entrée du pays, parfois avec violence, dénonce notamment l’ONG Human Rights Watch. « A un moment où la Grèce accueille les Ukrainiens, elle mène de cruels refoulements envers des Afghans et d’autres personnes fuyant également la guerre et la violence », dénonce Human Rights Watch (HRW), dans un rapport du 7 avril. L’ONG affirme que les autorités grecques se servent des migrants installés en Grèce pour les aider à renvoyer les nouveaux arrivants en provenance de Turquie. Seize demandeurs d’asile afghans interviewés ont rapporté que les pilotes des barques les ramenant vers la rive turque parlaient arabe ou des langues du sud de l’Asie. La police aurait promis des passeports aux migrants qui acceptent de travailler avec eux. « Il est indéniable que le gouvernement grec est responsable de refoulements illégaux à la frontière et l’utilisation d’intermédiaires pour accomplir ces actes ne lui enlève aucune responsabilité », estime Bill Frelick, directeur à HRW du programme sur le droit des réfugiés. Abo Khassem, un Syrien de 25 ans, qui a tenté trois fois de traverser l’Evros, la rivière qui sépare la Turquie de la Grèce, confirme également au Monde que le « commando », des « hommes en uniforme noir avec des cagoules, armés de battes » qui leur ont confisqué leurs téléphones, argent et documents avant d’être renvoyés violemment sur la rive turque, « étaient accompagnés de migrants qui parlaient arabe ». « Pour nous effrayer et nous faire monter sur les canots, les hommes ont tiré des coups de feu. Ils nous ont fait dévêtir… Le refoulement a été particulièrement violent. Quatre personnes ont été hospitalisées à leur retour en Turquie, un homme avait des côtes cassées. Moi je m’en suis tiré avec des bleus et une entorse… », raconte Abo Khassem, encore bloqué en Turquie. Cas portés devant la CEDH Malgré les enquêtes publiées dans plusieurs médias, les déclarations du Haut-Commissariat aux réfugiés, qui a comptabilisé « au moins 540 incidents » aux frontières grecques depuis le début 2020, Athènes a toujours nié avoir recours aux « pushbacks », une pratique contraire au principe de non-refoulement qui est au fondement de la convention de Genève sur les réfugiés.

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