Guerre en Ukraine : Marioupol, le baroud d’honneur de la brigade Azov face aux troupes russes

  • 2022-04-17 03:01:16
L’ancienne milice paramilitaire controversée, intégrée, en 2014, au sein de la garde nationale, s’est retranchée dans le complexe sidérurgique d’Azovstal. Pour les Russes, une victoire contre cette force constituerait un puissant outil de propagande. Derrière la résistance acharnée de la ville de Marioupol face à l’invasion russe et l’objectif de Moscou de priver l’Ukraine de tout accès à la mer d’Azov se cache un autre enjeu, moins important, mais qui pèse néanmoins dans le siège de la ville portuaire, commencé le 13 mars. Selon plusieurs sources militaires interrogées par Le Monde à Zaporijia, l’armée russe et ses alliés, soldats séparatistes du Donbass ou tchétchènes, seraient aussi animés d’une farouche volonté d’en découdre avec la brigade Azov, la force ukrainienne en première ligne pour défendre la cité. Après avoir combattu rue par rue dans Marioupol, les soldats de cette unité se sont repliés sur la vaste emprise du site métallurgique d’Azovstal, situé en bord de mer. « Ils ont transformé les tunnels d’épais béton qui quadrillent l’ensemble de l’enclave en forteresse, explique Victor, un colonel de l’armée ukrainienne, qui n’accepte de s’exprimer que sous couvert d’anonymat. C’est là qu’ils se reposent, là qu’ils peuvent se déplacer sans risque et de là qu’ils peuvent lancer des attaques sur les troupes qui les encerclent. » Selon ses informations, cette dernière poche de résistance ukrainienne continue de subir, jour et nuit, de lourds bombardements. « Les Russes utilisent les Solntsepek, le haut de gamme des lance-roquettes multiples dits “grad”, qui sont à l’origine de la plupart des destructions de Marioupol. Ils ont aussi recours, de dix à quinze fois par jour, aux frappes aériennes avec des missiles susceptibles de perforer ce réseau souterrain et, enfin, au lot habituel de mortiers. » Les forces russes évitent l’attaque au sol, ne maîtrisant pas un terrain étendu sur plusieurs kilomètres carrés, se méfiant d’une défense insaisissable retranchée dans cette zone. « Plus mobile qu’une armée régulière » « Le régiment Azov est au cœur de la résistance de Marioupol, ses effectifs ont été tant gonflés qu’on l’appelle désormais brigade », détaille le colonel Victor, âgé de 53 ans, et ayant commencé sa carrière militaire sous l’ère soviétique. « Organisée en groupes tactiques, cette force de plus de 3 000 hommes est plus mobile qu’une armée régulière », poursuit-il. Placée, en 2014, sous la tutelle du ministère de l’intérieur, la brigade Azov est équipée pour le combat rapproché. Même si elles sont vêtues comme des soldats, ces forces ressemblent davantage à des unités de police militarisées, de type RAID à la française, qu’à des troupes régulières. A l’origine, le régiment Azov était une milice paramilitaire, connue sous le nom d’« hommes en noir », souvent présentés comme proches de milieux néonazis et suprémacistes. Mais son intégration, en septembre 2014, au sein de la garde nationale d’Ukraine et l’arrivée de nombreuses recrues sans étiquette politique, attirées par sa seule réputation de corps d’élite, ont peu à peu marginalisé les éléments les plus extrémistes. Cette troupe est désormais décrite par les experts militaires occidentaux comme « ultranationaliste » et « antirusse ».

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