Au Salvador, guerre ouverte entre Nayib Bukele et les gangs

  • 2022-04-13 02:20:24
Quatre-vingt-sept personnes ont été assassinées sur l’ensemble du territoire entre le 25 et le 27 mars. Le président riposte en accentuant la répression. Un véritable bain de sang, comme le Salvador n’en avait plus connu depuis des années. En un seul week-end, du 25 au 27 mars, 87 personnes ont été assassinées sur l’ensemble du territoire, des crimes attribués aux maras, ces gangs qui sèment la terreur dans le petit pays centraméricain. Les journées les plus sanglantes depuis au moins vingt ans, alors que le taux d’homicides avait très nettement diminué ces dernières années, selon les chiffres officiels. La réaction du président Nayib Bukele ne s’est pas fait attendre. Dès le 26 mars, l’état d’urgence a été imposé, suspendant notamment le droit de liberté de réunion et d’association, l’inviolabilité de la correspondance, et permettant des écoutes sans autorisation judiciaire et des gardes à vue de quinze jours. Les soldats, armés de fusils d’assaut, ont envahi les rues, les contrôles policiers se sont multipliés, notamment dans les quartiers défavorisés. Au dimanche 10 avril, plus de 9 000 personnes avaient été arrêtées. Sans nouvelles, leurs proches se massent devant les commissariats pour obtenir des informations. Dans les prisons, des mesures de rétorsion ont été prises : « Nous leur avons tout réquisitionné, même leurs matelas, on a rationné la nourriture et ils ne verront plus la lumière du soleil », a tonné le président Bukele sur Twitter, son média favori, vidéo à l’appui, promettant qu’« aucun ne sortira[it] de prison ». Quelque 16 000 membres de bandes armées étaient jusque-là enfermés dans des prisons surpeuplées, sur un effectif total estimé à 70 000 individus, qui se livrent surtout au racket et au trafic de drogue. « Fosses clandestines » Dans la foulée, l’Assemblée nationale, dominée par le parti du président, Nuevas Ideas, a adopté des lois multipliant par cinq les peines prévues pour le fait d’appartenir à un groupe criminel (jusqu’à quarante-cinq ans de prison pour les chefs), permettant de condamner jusqu’à dix ans de prison les enfants dès l’âge de 12 ans, ou encore punissant la diffusion dans les médias des messages des gangs « pouvant engendrer anxiété et panique parmi la population ». Une formulation suffisamment floue pour faire craindre une limitation de la liberté d’informer.

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