Au Sri Lanka, les Eglises rejoignent le mouvement de protestation

  • 2022-04-12 01:51:45
Colombo a été le théâtre, samedi 9 avril, d’une gigantesque manifestation demandant le renversement du président Gotabaya Rajapaksa. La colère populaire qui secoue le Sri Lanka déborde de toute part. Informés par les réseaux sociaux, des milliers de manifestants ont convergé toute la journée, samedi 9 avril, vers Galle Face, à Colombo. Ce quartier huppé de la capitale, où poussent des immeubles modernes et des hôtels de luxe le long de la mer, non loin du palais présidentiel, est le symbole de la dépendance de l’île vis-à-vis de la Chine et de son endettement faramineux. La dette s’élève à 51 milliards de dollars (46,9 millions d’euros), pour ce pays de 22 millions d’habitants. Munis d’équipements rudimentaires, des drapeaux nationaux, des pancartes découpées dans des cartons d’emballage ou de simples feuilles de papier, les protestataires sont arrivés dès le début de la matinée pour brandir et scander, le long de la route, des slogans hostiles au président de la République, dont ils réclament la démission. Sur le passage, les conducteurs ont répondu par un concert de klaxon. « Gota go home », « le Sri Lanka a besoin de leaders responsables », « le pays n’est pas votre propriété privée », « les corrompus en prison » : l’hostilité des manifestants, nourrie par des mois de privation, vise Gotabaya Rajapaksa, élu en 2019 après des attentats meurtriers perpétrés contre des églises et des hôtels et attribués au groupe terroriste Etat islamique. Les Sri-Lankais, traumatisés, avaient remis leur sort entre les mains de cet homme réputé pour ses opérations impitoyables contre les Tigres, lors de la guerre civile qui, pendant vingt-six ans, a opposé la majorité cinghalaise, essentiellement bouddhiste, à l’organisation séparatiste des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), majoritairement hindoue. Toutes les strates de la société Il s’était présenté comme l’homme capable de relever les défis sécuritaires et économiques auxquels était confronté le pays. Il a installé un véritable clan familial au sommet de l’Etat, notamment son frère Mahinda, nommé premier ministre. « J’ai voté pour lui en 2019, témoigne un jeune trentenaire, fonctionnaire. Je le regrette beaucoup, le pays souffre à cause de son incapacité et de ses erreurs. » En fin de journée, ils étaient des milliers à emplir la route et l’esplanade, le long de la mer. Le mouvement de protestation massif atteint désormais toutes les strates de la société, des commerçants aux conducteurs de tuk-tuk, des étudiants aux artistes, des ouvriers au patronat, pénalisés depuis des mois par une crise économique et financière inédite par son ampleur. L’île est à court de tout, de carburants, de médicaments, d’électricité. Les habitants s’appauvrissent chaque jour, écrasés par une inflation galopante.

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