La Chine accélère sa politique de retours forcés de ses ressortissants réfugiés à l’étranger

  • 2022-01-19 02:15:25
Tandis que le nombre des demandeurs d’asile chinois a fortement augmenté dans le monde depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012, le pays renforce la traque des « fugitifs » et ne s’en cache plus. Sa petite fille est née quelques jours après l’enlèvement de son mari Ahmad Talip dans un poste de police de Dubaï, aussitôt suivi de son transfert à Abou Dhabi puis de sa déportation en Chine. Depuis ce 25 février 2018 fatidique, « je n’ai aucune nouvelle de lui », confie Amannisa Abdullah, une trentenaire ouïgoure qui vit désormais en Turquie. « Lors de son dernier appel, il m’a annoncé qu’ils le forçaient à rentrer. “Vous devez rentrer. Vous partez.” C’est tout ce qui lui a été dit. Je suis allée au poste de police où on m’a répété de ne pas m’inquiéter. Au bureau de l’ONU. A celui d’Interpol. Là, j’ai supplié, j’ai pleuré en criant qu’ils allaient le tuer en Chine. Les gardes m’ont ordonné de ne pas revenir si je ne voulais pas être moi aussi déportée. » La Chine accélère la traque de ses ressortissants de par le monde. Les seules données officielles font état de 10 000 « fugitifs » ramenés de 120 pays depuis mi-2014. Selon Safeguard Defenders, qui publie un rapport d’enquête mardi 18 janvier, ce nombre n’est que « la face émergée de l’iceberg ». Surtout, « pour une vaste majorité des cibles, les retours procèdent de méthodes coercitives employant des moyens illégaux, souligne cette ONG suédoise. Le plus surprenant est que la Chine ne dissimule plus cette pratique clandestine. Elle a officiellement rendu publique la nécessité d’employer parfois des pratiques relevant de retours involontaires. » Opération « Chasse au renard » Tout a commencé avec l’opération « Chasse au renard », lancée en 2014 pour ramener en Chine des nationaux accusés de corruption. Depuis 2015, elle fait partie d’un plan beaucoup plus large, « Sky Net ». Les donneurs d’ordre en sont le ministère de la sécurité publique, la commission centrale d’inspection disciplinaire (CCID) du Parti communiste chinois (PCC), et le parquet général. Ces acteurs œuvrent désormais sous l’autorité d’un organe non judiciaire, la « commission de supervision nationale », créée en 2018 par le président Xi Jinping.

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