En Espagne, l’impossible deuil des familles des migrants disparus en mer

  • 2021-03-03 15:32:57
Selon l’Organisation internationale des migrations, au moins 600 personnes ont disparu en 2020, après avoir quitté les côtes africaines pour les Canaries ou l’archipel espagnol, où 22 000 migrants ont accosté cette année-là. Ce sont quinze niches anonymes qui font face à l’océan, dans le cimetière d’Agüimes, sur l’île de Grande Canarie (Espagne). Des mouches tournent autour des murs de chaux et de béton, le fossoyeur reconnaît qu’ils sont mal scellés. Ici reposent les corps d’autant de migrants subsahariens, retrouvés dans une embarcation de fortune en août 2020, à 160 kilomètres des côtes canariennes, la peau brûlée par le sel et le soleil, morts de faim et de soif après des jours d’une périlleuse traversée. Avant d’être enterrés, en septembre, leur ADN a été prélevé à l’institut de médecine légale de Las Palmas. Début mars, pour la première fois, l’un de ces prélèvements sera comparé à celui d’un possible parent, qui vit à Madrid. « La photo qu’il nous a envoyée semble pouvoir coïncider avec l’un de ces quinze jeunes hommes, explique la directrice de l’institut de médecine légale de Grande Canarie, Maria José Meilan. Depuis début 2020, nous avons enregistré les informations d’une cinquantaine de migrants morts en mer – leur ADN, une fiche dentaire et des photographies d’identification –, et nous avons signé un protocole avec la Croix-Rouge pour faciliter les recherches des familles, qui ne cessent d’augmenter. Nous préférerions que davantage de corps soient récupérés, car nous savons que les disparus en mer sont encore bien plus nombreux… »  

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