En Birmanie, les militaires infligent deux nouvelles inculpations à Aung San Suu Kyi

  • 2021-03-01 14:41:31
Malgré la peur des représailles, les contestataires étaient de nouveau dans les rues lundi où les manifestations ont fait une trentaine de morts depuis le 1er février. C’est sa première apparition depuis son arrestation, le 1er février. Déjà poursuivie pour avoir enfreint d’obscures règles commerciales et sanitaires, l’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi comparaissait, lundi 1er mars, en vidéoconférence devant la justice. L’ex-dirigeante de 75 ans, renversée par un coup d’Etat et assignée à résidence dans la capitale birmane, Naypyidaw, a été inculpée pour deux nouvelles infractions, a annoncé son équipe d’avocats. La Prix Nobel de la paix est désormais poursuivie pour avoir violé une loi sur les télécommunications et pour « incitation aux troubles publics », a détaillé l’avocat Nay Tu. Aung San Suu Kyi, tenue au secret depuis son arrestation, était déjà poursuivie pour avoir importé illégalement des talkies-walkies et pour ne pas avoir respecté des restrictions liées au coronavirus. Elle semble « en bonne santé », a déclaré son avocat, Khin Maung Zaw, qui voyait pour la première fois sa cliente, n’étant toujours pas autorisé à la rencontrer. Aucun motif politique n’a, à ce stade, été avancé alors que les généraux ont justifié leur putsch en alléguant d’« énormes » fraudes aux élections de novembre, remportées massivement par le parti de la Prix Nobel de la paix, La Ligue nationale pour la démocratie (LND). Ces nouvelles inculpations surviennent au lendemain d’une journée de répression particulièrement sanglante. Après près d’un mois de mobilisation contre le coup d’Etat militaire avec des manifestations quotidiennes et une campagne de désobéissance civile, au moins 18 personnes ont été tuées dimanche, selon les Nations unies, qui se basent sur « des informations crédibles ». Nouvelles manifestations lundi Malgré la peur des représailles, les contestataires étaient de nouveau dans les rues, lundi, et les tensions étaient vives. Près de la prison d’Insein, à Rangoun, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants rassemblés pour protester contre les multiples arrestations de la veille, d’après une retransmission en direct sur les réseaux sociaux. Il n’était pas possible, à ce stade, de savoir si les tirs avaient été effectués à balles réelles ou avec des munitions en caoutchouc. « Nous sommes unis ! », scandaient les contestataires. Dans d’autres endroits de la capitale économique, certains manifestants ont érigé des barricades de fortune avec des panneaux de bois, des canapés ou des poteaux en bambou pour se protéger. La police a tiré avec des balles en caoutchouc pour tenter d’en disperser certains, d’après un média local qui fait état de plusieurs blessés. Trois manifestants sont notamment morts à Dawei, dans le sud du pays, touchés par « des tirs à balles réelles », selon un secouriste. Des habitants sont descendus lundi matin dans les rues de la ville côtière pour déposer des fleurs rouges et allumer des bougies devant les portraits des victimes. « L’armée birmane est une organisation terroriste », a réagi sur Facebook Thinzar Shunlei Yi, une militante de premier plan. Les médias d’Etat ont averti, dimanche, que « des mesures sévères ser[aie]nt inévitablement prises » contre des « foules anarchiques ».  

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