En Afrique, la corruption sape les bases de la démocratie

  • 2019-02-07 05:24:48
Rouge, désespérément rouge. Année après année, lorsqu’on regarde la carte établie par Transparency International selon l’indice de perception de la corruption, l’Afrique s’affiche en écarlate, signe que la situation y demeure très critique. Le rapport 2018, publié mardi 29 janvier, confirme ce constat, puisque le continent est la région du monde enregistrant les plus mauvais scores. L’ONG classe chaque pays selon une note allant de 0 (fortement corrompu) à 100 (très peu corrompu) et la moyenne africaine se situe à 32, contre 43 au niveau mondial. L’Union africaine avait désigné 2018 comme l’année pour « gagner la lutte contre la corruption » : visiblement, c’est raté. Et c’est d’autant plus inquiétant que, comme le souligne Transparency International, « la corruption est un facteur qui contribue à la crise de la démocratie », produisant « un cercle vicieux en sapant les institutions démocratiques » ; lesquelles, à leur tour, ne sont plus « en mesure de contrôler la corruption ». Ainsi, on ne s’étonnera pas de trouver, dans les profondeurs du classement, la Somalie (180e sur 180 pays, avec un score de 10 sur 100), où plusieurs régions ont cessé de coopérer avec le pouvoir central de Mogadiscio, le Soudan du Sud (178e), ravagé par cinq ans de guerre civile, et le Soudan (172e), où le régime autoritaire d’Omar Al-Bachir est de plus en plus contesté, avec des manifestations récurrentes depuis décembre. L’exception rwandaiseEn Afrique, « les régimes autocratiques, les troubles civils, des institutions faibles et des systèmes politiques insensibles continuent de miner les efforts de lutte contre la corruption », pointe Transparency, citant les points communs aux pays les moins bien notés : « un exercice limité des droits politiques », « une liberté de la presse peu garantie » et « un Etat de droit faiblement développé ». « Dans ces pays, les lois sont souvent inappliquées et les institutions ne disposent que de peu de ressources, n’étant pas préparées pour traiter les plaintes pour corruption, poursuit le rapport. Les conflits internes et l’instabilité des structures de gouvernance contribuent en outre à des taux élevés de corruption. » A l’inverse, les pays africains les moins corrompus sont, sans surprise, les Seychelles (28e, avec un score de 66 sur 100), qui ont connu une transition démocratique exemplaire en 2016, le Botswana (34e), souvent cité comme un modèle de bonne gouvernance, et le Cap-Vert (45e), où l’Etat de droit est également bien ancré. Le Rwanda, où le président Paul Kagame a été réélu avec 98,7 % des voix en 2017 et où des ONG tirent régulièrement la sonnette d’alarme sur la question des droits humains, est lui aussi bien placé (48e) et fait donc figure d’exception à la règle liant transparence et vitalité démocratique. AFP.

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