Après la mort de Diego Maradona, une journée d’hommages chaotique en Argentine

  • 2020-11-27 13:05:20
La veillée funèbre organisée jeudi 26 novembre au palais présidentiel s’est soldée par des affrontements entre des supporteurs et la police, débordée par l’afflux d’Argentins venus rendre hommage à leur idole. La famille de Diego Maradona souhaitait que la veillée funèbre, jeudi 26 novembre, soit brève. C’était annoncé, et pourtant, il y avait fort à parier que tous les Argentins voulant rendre un dernier hommage à l’ancien joueur décédé le 25 novembre à l’âge de 60 ans, star de tout un pays, ne parviendraient pas à le faire en l’espace d’une journée. Une heure avant la fermeture prévue à 16 heures, de la chapelle ardente au public, la file d’attente pour entrer à la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin, mesurait encore 3 kilomètres de long. Lorsque la police a tenté de couper celle-ci, certains, fatigués par la longue et chaude journée d’attente jusqu’au cercueil de « Dios » (« dieu », le surnom de Maradona en Argentine), ont craqué. Des affrontements ont éclaté : canons à eau, gaz lacrymogène, tirs de balles en caoutchouc… Les autorités ont réprimé sans retenue les hinchas (« supporteurs ») les plus remontés de Maradona. Buenos Aires, le 26 novembre. Des fans de Diego Maradona dans la file d’attente devant la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin, pour un dernier adieu à leur idole. Aux abords de la place de Mai, des mouvements de foule inquiétants, d’autant plus en pleine pandémie de Covid-19, ont massé les supporteurs contre les grilles de la Casa Rosada, que certains Argentins sont allés jusqu’à escalader pour entrer par la force dans le palais présidentiel. La scène, stupéfiante, retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision du pays et d’ailleurs, s’est déroulée sous les yeux du président Alberto Fernandez, qui observait la situation d’un regard inquiet depuis l’un des balcons du bâtiment. Face au chaos, les autorités, qui avaient un temps parlé d’étendre la veillée jusqu’à 19 heures, ont transféré le cercueil de Diego Maradona dans un salon du palais plus sécurisé, et la chapelle ardente a fermé ses portes une fois pour toutes, sous le nez d’un public frustré. « J’ai tellement pleuré qu’il ne me reste plus de larmes » La journée avait pourtant démarré sous de bons auspices. Au petit matin, des milliers de supporteurs, aux maillots de football de toutes les couleurs et de tous les clubs − vision rare en Argentine −, avaient patiemment pris leur place dans la file d’attente, dans une ambiance bon enfant, faisant la part belle aux slogans et chants en honneur au « Pibe de oro » : « Maradona est plus fort que Pelé » ; « Il faut soutenir Marado’», ou encore « Il vaut dix palos verdes » (10 millions de dollars), parfois hurlés avec le masque baissé sous le menton. Buenos Aires, le 26 novembre. Cecilia Castro dans la file d'attente pour se recueillir sur le cercueil de Diego Maradona, installé dans la Casa Rosada, le palais présidentiel argentin. ANITA POUCHARD SERRA / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »Maillot de foot estampillé 10 (le numéro de maillot de l’ex-joueur dans la sélection nationale de football) sur le dos et tatouage de la signature de Maradona sur l’épaule, Cecilia Castro, 38 ans, est une supportrice inconditionnelle de « Dios », une vraie de vraie. C’est en son honneur qu’elle a baptisé son fils Diego. « J’ai tellement pleuré qu’il ne me reste plus de larmes », confesse-t-elle, à cinquante mètres de l’entrée du palais présidentiel après trois heures de queue. « Je suis d’un côté heureuse de voir que tant de gens sont venus lui dire au revoir, parce qu’il le mérite. Et de l’autre, je suis profondément triste. » C’est de son père, également décédé, que Cecilia a hérité son amour pour Diego Maradona. Ce jeudi, elle rendait hommage aux deux hommes.  

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