Elections américaines : « En insinuant qu’il peut appeler ses troupes à la révolte, Donald Trump s’attaque au cœur même de la machine démocratique »

  • 2020-11-04 17:03:11
Face au chaos annoncé par l’entreprise de démolition du président des Etats-Unis, la mobilisation exceptionnelle de l’électorat pourrait être la bonne nouvelle de cette sinistre campagne, estime Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ». Chronique. C’est la mère de toutes les batailles et disons-le franchement : cette offensive-là, on préfère voir les Américains la mener dans les bureaux de vote plutôt que dans les rues de Bagdad. Mais à regarder la fièvre s’emparer des centres-villes de Washington et de New York, où les commerçants ont bardé leurs vitrines de contreplaqué, à observer la ruée chez les armuriers au Texas, où l’on pensait pourtant la population déjà abondamment fournie, le reste du monde ébahi était en droit de se demander ces jours-ci quel cataclysme allait donc s’abattre le 3 novembre aux Etats-Unis. N’était-il pas question, après tout, que d’une bataille électorale, de celles qui se livrent tous les quatre ans, dans un pays dont le préambule de la Constitution, en vigueur depuis 1789, se fixe pour objectif de faire « régner la paix intérieure » ? Mais « la paix intérieure » n’est pas la première priorité du candidat Donald Trump, président incandescent et survolté qui, à 74 ans, cumule jusqu’à cinq meetings électoraux par jour. Prêt à pousser la tension à son paroxysme, il y convoque ses partisans qui s’y pressent par milliers, en pleine pandémie. Le mur promis à ses électeurs il y a quatre ans, à la frontière avec le Mexique, et qui est loin d’être achevé, il le fait ériger à présent autour de la Maison Blanche, encerclée mardi par des grilles impossibles à escalader, comme si le siège de la présidence des Etats-Unis devait se préparer à l’assaut de hordes insurrectionnelles. Le monde ébahi a aussi entendu monter une rhétorique putschiste en fin de campagne, depuis les républicains qui accusent leurs adversaires de vouloir « voler » l’élection, jusqu’aux démocrates qui soupçonnent les républicains de fomenter « un coup d’Etat ».

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