Election présidentielle américaine : en Pennsylvanie, le timide retour des ouvriers dans le giron démocrate

  • 2020-10-29 11:15:37
Au cœur de la « ceinture de la rouille », frappée par la crise de la sidérurgie dans les années 1980, les anciens bastions syndicaux ayant voté pour Donald Trump en 2016 pourraient rebasculer dans le camp du candidat Joe Biden. Dans son enfance, Steve Olash franchissait souvent le pont sur la rivière Ohio, pour se rendre à la fonderie de zinc. « Mon père y travaillait. Rien ne poussait sur les collines », raconte ce syndicaliste de 48 ans, qui arbore un masque « Joe Biden » sur le visage. Usines abandonnées, terrains pollués, la petite ville de Beaver, établie au-delà de Pittsburgh, au fin fond de la Pennsylvanie, était l’incarnation de ces Etats dits de « la ceinture de la rouille », fracassés par la crise de la sidérurgie du début des années 1980, après plus d’un siècle d’insolente prospérité. Puis est venu le gaz de schiste, ressource quasi inépuisable, qui a conduit la major anglo-néerlandaise Shell à s’installer. Une usine pétrochimique gigantesque de 6 milliards de dollars (environ 5,1 milliards d’euros, au cours actuel) pour produire du plastique dans sept hauts-fourneaux, avec une centrale électrique de 250 mégawatts. Après avoir longé la rivière, à l’ombre des forêts automnales, on découvre l’usine. Massive, flambant neuve, avec près de 5 000 ouvriers qui s’affairent pour la faire sortir de terre. Une aubaine pour les cols bleus de Pennsylvanie et de la région. « Shell fait un travail remarquable de réhabilitation », se réjouit Steve Olash, syndicaliste en chef des quelque 400 peintres du chantier – même si l’on voit plus un site industriel que les forêts du Nouveau Monde. Il ne tarit pas d’éloges sur la multinationale : mesures de protection des salariés face au Covid-19, comportement exemplaire vis-à-vis de la communauté avec des dons à une école de formation. Sans parler des futures émissions de dioxyde de carbone.

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