Mobilisation contre l’interdiction de l’IVG en Pologne : « Je ne veux pas qu’on m’oblige à accoucher d’un fœtus mort »

  • 2020-10-25 13:46:20
Plus de 10 000 personnes ont manifesté, vendredi soir à Varsovie, pour contester la limitation du droit à l’avortement par la Cour constitutionnelle. En dépit de la pluie et de l’epidémie de Covid-19, au moins 10 000 personnes ont manifesté à Varsovie, dans la soirée du vendredi 23 octobre, afin d’exprimer leur colère après la délégalisation quasi totale de l’avortement, décidée la veille par la Cour constitutionnelle. Des rassemblements de moindre envergure ont également eu lieu dans d’autres villes de Pologne. Alors que la législation du pays interdisait déjà, depuis 1993, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en dehors de trois cas de figure – grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste, « menace pour la vie ou la santé de la femme enceinte » ou fœtus atteint d’une « malformation grave et irréversible » –, les juges constitutionnels ont invalidé cette dernière exception qu’ils ont qualifiée de « pratique eugénique » portant atteinte à la « dignité humaine des enfants non encore nés ». Ils avaient été saisis par une centaine de députés appartenant dans leur très grande majorité au parti Droit et justice (PiS), le parti national conservateur, au pouvoir depuis cinq ans. La décision aura pour effet de délégaliser la quasi-totalité des quelque mille avortements pratiqués officiellement chaque année en Pologne. « Je suis là pour m’opposer aussi bien à cette restriction du droit à l’IVG qu’à la manière dont elle a été adoptée, s’indigne Joanna, trentenaire salariée à Varsovie. Ce n’est pas le Parlement qui a décidé, mais un tribunal. Je ne veux pas qu’on m’oblige à accoucher d’un fœtus mort. Et encore, moi, j’aurais les moyens d’aller faire une IVG à l’étranger, mais pas les femmes qui habitent la région reculée d’où je suis originaire. »

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