Les failles de la démocratie des Etats-Unis, épisode 5 : le travail de sape de Trump contre le processus électoral

  • 2020-10-16 20:19:26
Un rapport transactionnel aux faits, le recours systématique aux procédures dilatoires, une stratégie d’évitement face aux revers : beaucoup des traits de la personnalité de Donald Trump s’accordent mal avec les règles qui encadrent les élections. Comme sur nombre de sujets, il ne s’avance d’ailleurs pas masqué, comme en témoignent ses déclarations publiques et ses messages publiés sur son compte Twitter. Les convictions de Donald Trump face aux élections épousent ses intérêts. Au soir de la présidentielle de 2012, lorsque le camp républicain était encore persuadé que son candidat, Mitt Romney, avait remporté le vote populaire face à Barack Obama, mais perdu au sein du collège électoral, Donald Trump tonne sur son compte Twitter. « Cette élection est une imposture totale, une parodie. Nous ne sommes pas une démocratie ! », peste-t-il. « Battons-nous jusqu’au bout pour mettre fin à cette immense et répugnante injustice. Nous sommes la risée du monde », ajoute-t-il en visant le collège électoral. « J’ai aimé l’idée du vote populaire, mais je réalise aujourd’hui que le collège électoral est bien meilleur pour les Etats-Unis », déclare en 2019 celui qui a accédé au bureau Ovale en dépit d’un retard de 2,7 millions de voix au niveau national face à la démocrate Hillary Clinton. Donald Trump compte en outre parmi les locataires de la Maison Blanche les plus mal élus au sein du collège électoral. Avec seulement 56,9 % des voix des grands électeurs, son élection arrive au 46e rang sur les 58 que le pays a connues. Devant John Kennedy, Jimmy Carter et George W. Bush, mais loin derrière Barack Obama ou Bill Clinton. Quête effrénée de preuves d’une « fraude massive » Cette frustration explique sans doute que le président des Etats-Unis se lance dans la quête effrénée des preuves d’une « fraude massive » dès les premiers mois de son arrivée à la Maison Blanche. La tâche est dévolue à un ancien responsable républicain du Kansas, Kris Kobach, qui dirige à partir du 11 mai 2017 une commission créée par décret présidentiel pour étayer ces affirmations. Considérée avec le plus grand scepticisme par les élus des deux grands partis, la commission est dissoute le 3 janvier 2018 sans avoir produit le moindre résultat. Kris Kobach tombe en disgrâce quelques mois plus tard après sa défaite dans l’élection pour le poste de gouverneur de son Etat.  

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