A Hongkong, les riches et puissants louent le resserrement sécuritaire

  • 2020-09-05 19:05:00
L’élite pro-Pékin estime avoir beaucoup perdu du fait de l’entêtement de la jeunesse. Deux populations cohabitent dans la plus grande incompréhension et une haine farouche. « Je n’ai rien à redire contre la loi de sécurité nationale, si ce n’est qu’elle est arrivée trop tard », affirme serein Bosco Ho, fondateur du cabinet d’architecture à son nom, Ho & Partners Architects, au sujet du texte imposé par Pékin, promulgué le 30 juin, et considéré par l’opposition démocratique comme un assaut fatal sur les libertés individuelles des Hongkongais. Le texte crée des crimes, comme la sédition, passibles dans certains cas non définis de la perpétuité, et importe sur ce territoire les outils de l’appareil répressif chinois. L’entreprise de M. Ho a, à son crédit, une longue liste de vastes et prestigieuses réalisations à travers le monde, la plus politique d’entre elles étant le « bureau de liaison », l’état-major du gouvernement central chinois à Hongkong. L’entretien a lieu un dimanche soir dans le restaurant huppé du Jockey Club, où les familles les plus riches et les plus influentes de l’ancienne colonie britannique se sont habituées à croiser des riches plus récemment parvenus. Sous l’ère britannique, ce cercle exclusif fut un temps fermé aux femmes et aux Hongkongais. On y entend désormais des éclats de voix en mandarin, au milieu du cantonais parlé à Hongkong. « Les milieux d’affaires n’aspirent qu’à une chose : la stabilité. Tout va rentrer dans l’ordre », renchérit, confiant, l’architecte réputé. Outre la primauté de la stabilité, l’autre mantra des Hongkongais pro-Pékin est le « bon droit chinois ». Tous rappellent que « Hongkong est partie intégrante de la Chine, que cela plaise ou non ». Le premier article de la Basic Law, la mini-Constitution en vigueur depuis le retour du territoire dans le giron chinois en 1997, est d’ailleurs là pour le rappeler. Quant au passage en force de la loi de sécurité nationale (LSN), il s’explique ainsi : « Non seulement quasiment tous les pays développés ont des lois semblables, mais cela fait vingt-trois ans que nous [Hongkong] étions tenus de faire adopter des lois garantissant la sécurité selon l’article 23 de la Basic Law. Pékin a fait preuve d’une patience inouïe. Après un an de chaos incontrôlable et des slogans de plus en plus irrespectueux, il fallait bien qu’ils interviennent », observe la députée Regina Ip.

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