A Kenosha, dans le Wisconsin, deux Amérique irréconciliables après un nouvel épisode de violences policières contre un Noir

  • 2020-08-26 13:12:13
Un policier blanc a tiré dimanche à sept reprises dans le dos de Jacob Blake, 29 ans, le laissant paralysé. La ville est depuis touchée par des dégradations et des pillages. Le militant afro-américain, le trumpiste armé jusqu’aux dents et l’homme de Dieu ambigu : sur la place centrale de Kenosha, mardi 25 août, peu avant le couvre-feu, trois personnages ont soudain incarné la tragédie qui consume l’Amérique, trois jours après qu’un policier blanc a tiré à sept reprises dans le dos d’un Noir de 29 ans, Jacob Blake. Tout fut résumé en un instant, alors que la petite ville du Wisconsin, au bord du lac Michigan, à une heure de voiture au nord de Chicago, se préparait à sombrer dans une troisième nuit de violences. Au milieu de la place, rendez-vous des manifestants contre les violences policières, domine Gregory Sherman, militant charismatique de la mouvance Black Lives Matter. A 41 ans, cet Afro-Américain venu de Chicago assume les pillages de la veille qui ont ravagé la ville. « La vie avant la propriété », assure celui qui entend « rééduquer son peuple pour casser le système d’oppression ». Il est interpellé par Kevin Mathewson, 36 ans, qui fend la foule avec son fusil automatique chargé en bandoulière et un pistolet à la ceinture. Comme la loi le lui autorise. « Quand vous incendiez des bâtiments, vous mettez des vies en danger, accuse ce détective privé, ancien élu local et électeur de Donald Trump. Hier, ma ville a été incendiée et mise à terre. » Il entend bien défendre « sa communauté » les armes à la main, s’il le faut. Il est accompagné de gros bras venus prêter main-forte si nécessaire, tel ce vétéran d’Afghanistan, aux tatouages et pin’s en tête de mort impressionnants. Entre l’Afro-Américain et le trumpiste s’interpose un franciscain en robe de bure, frère Chuck, 59 ans. « Je veux que les gens arrivent à nouveau à se parler », supplie le moine entré dans les ordres en 1999 après avoir été commando chez les marines pendant vingt ans, notamment en Irak : « J’étais un tueur froid, mais Jésus a toujours été avec moi. » Une Amérique tragiquement divisée La scène atteste d’une Amérique tragiquement divisée, sans autorité réconciliatrice, alors que la situation est pourtant cruellement simple : une énième bavure policière, aussi indéfendable, à en voir la vidéo virale postée sur les réseaux sociaux, que l’étouffement de l’Afro-Américain George Floyd par un policier blanc de Minneapolis (Minnesota), le 25 mai. Mais, en pleine campagne électorale dans un des Etats dits « bascules » qui donnèrent à Donald Trump sa victoire nationale, avec moins de 23 000 voix d’avance en 2016, le débat a vite glissé sur les pillages, même si nul ne défend les policiers, à part leur syndicat.

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