En Afrique du Sud, flics et voyous dans le township d’Alexandra

  • 2020-08-21 17:22:05
« La vie sous Covid dans le township d’Alexandra » (4/4). A « Alex », on a ses « propres règles » et les gangs font autant partie du paysage que la police. Juste au coin de Hofmeyr Street, devant les fresques où les groupes de rap viennent tourner des vidéos et où les gamins font des sauts en BMX, tout contre le centre culturel d’Alexandra qui n’a jamais ouvert car tout l’argent en a été détourné, il y a un arbre. Et de cet arbre, ou plutôt de ses feuilles et petites branches fines, on fait une décoction dont on est certain d’une chose ici, à « Alex » – le township de l’est de Johannesburg –, elle traite le Covid-19. Chacun, à la salle de gym, à côté, peut en demander s’il se sent un peu patraque, avant d’aller s’installer sur les machines et lever des masses de fonte. Tumi Masite est le patron de la salle Ikasi, bodybuilder renommé, célébrité d’Alexandra, et l’auteur des fresques (il peint également des femmes nues à l’occasion pour des petits tableaux décoratifs, c’est l’une de ses sources de revenus les plus régulières). C’est avant tout une star dans le milieu des culturistes du township, qu’on croise à Ikasi envers et contre tout, coronavirus ou pas coronavirus. Quand il parle de l’entraîneur d’Arnold Schwarzenegger, avec lequel il a travaillé à une époque, et qui vient chaque année organiser en Afrique du Sud son Arnold Classic Africa, on ne rigole plus. Du reste, personne n’est là pour rigoler. On ne peut abandonner les constructions musculaires étalées sur des années de souffrances parce que le coronavirus sévit, et dans la salle, malgré toutes les interdictions en vigueur « là-bas », dans les banlieues riches où ce genre de sport est une activité de délassement, pas une raison de vivre, on a gardé pendant des mois les volets tirés, on a vaporisé du désinfectant, porté des masques avant tout le monde, mais jamais on n’a abandonné l’effort.  

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